Exploration de Port Royal *°- Libre -°*

C'était parti pour être une belle journée,à la base.Comme toujours,il faisait beau,très doux pour la saison.Les bambins inventaient mille jeux pour satisfaire les envies d'aventures roccambolesques que leurs esprits immaginatifs faisaient naître,les adultes souriaient en les suivant des yeux,se rappelant de leur propre jeune temps,de l'insouciance qui était alors leur.
Leïla avait même reçu l'autorisation de sortir seule dans les rues de la ville portuaire,si elle promettait sur sa vie,son nom,son honneur et tout un tas d'autres choses cencées lui tenir bien trop à coeur pour qu'elle trahisse sa parole d'être prudente et de ne pas faire d'idioties.Le matin-même,elle avait reçu deux lettres,l'une d'un bureau londonnien appartenant au très haut fonctionnaire chargé des affaires étrangères,et l'autre de Moscou,aux coins cornés,écrite en russe sur un papier jauni par l'eau de mer et le temps du trajet.Des réponses,enfin,aux questions qui la taraudaient ! A des projets mis en place depuis quelques jours déjà,et n'attendant qu'un feu vert.
Cependant,l'impatience faisait battre le coeur de la jeune femme d'une façon si éprise d'exaltation qu'elle décida de n'ouvrir les plis qu'une fois sa promenade enfin permise faite.Une heure,puis deux s'écoulèrent au rythme des croisements de villageaois et d'une paisible avancée charmée par le décor...La demoiselle finit par céder à la tentation et s'adossant au mur de l'ancienne forge de Will Turner déserte depuis le départ du forgeron,Leïla brissa les sceaux avant de se plonger dans les lignes rédigées en anglais,puis en sa langue.
Près d'elle,une ombre,mais elle ne la vit pas,les nouvelles n'étaient pas si bonnes qu'elle l'avait escompté,et même pire...

Elle sursauta,ayant totalement rompu les ponts avec le lieu où elle se trouvait.C'était vrai,au dehors,pas mal de méchants bougres rodaient,certainement sans le sou,et une femme seule,dans la Lune,était une proie si facile et si intéressante...
Avec rapidité,elle cacha les feuillets dans son dos,les froissant sans s'en attrister aucunement,et fixa l'inconnue non sans masquer une certaine méfiance.



Mais bon,c'était tout de même un peu froid,sur les bords...Du tacte,par le Ciel,du tact.Leïla esquissa un sourire qui mourut quasi instantanément,un second petit mensonge à lui tout seul.En réalité,la jeune femme n'avait pas le coeur à faire la fête,vraiment pas,et n'était pas certaine de pouvoir ne pas se défier de la nouvelle venue.

Mais au fond,c'était amusant,parler de tout et de rien,comme si la demoiselle avait toujours vécu là.Mais son accent avait fait tombé le masque de la normalité.De plus,Lucy était pirate,ce qui n'était pas franchement un bon point pour elle...

Il était vrai que parfois,lorsqu'on avait des problèmes,on avait pas spécialement envie de déborder de joie,de se montrer lumineuse et extravertie.Cependant,ce n'était pas non plus une bonne raison pour se refermer sur soi-même en bougonnant ! Et puis pour une fois qu'on s'intéressait un peu à elle...Ou plutôt qu'elle n'était pas totalement transparente,quelque soit son état...



Et de nouveau,un timide sourire,cette fois mêlé d'une impression de mal-être passager mais pas particulièrement agréable.
Une réalité traversa alors l'esprit de Leïla : et si la personne en face d'elle était la propriétaire de la forge,et que sa présence la dérangeait ? Se décollant du mur,elle commença à se sentir mal à l'aise.



Surtout qu'en Russie,on lapidait vraiment pour n'importe quoi,du regard d'un homme sur une femme mariée à un murmure sur votre passage.



Hj : C’est quand vous le sentez,Pariany et Claire ^.^

Hj: Aussi dingue que ça paraisse,la cigarette existait bien ^^ Celle telle que nous la connaissons aurait été inventée vers 1560 par l'ambassadeur de France à Lisbonne,Jean Nicot (c'est dingue O.o)




Le "tout simplement votre air un peu troublé et vos questions à répétition" subtilement ironique de miss Treblinko n'eut pas le temps de franchir la barrière de ses lèvres.D'un autre côté,c'était plutôt une bonne chose que l'attention ne soit plus portée sur elle,mais sur une tierce personne,par une sorte de diversion fort appréciée.Ce qu'elle faisait là,réellement ? Rien.Ce simple mot pouvait paraître bien mystérieux et cacher certaines choses dont on aimerait pas forcément se vanter...Mais Leïla n'avait pas grand chose à maquiller.Répondre simplement qu'elle ne savait pas spécialement pourquoi ses pas l'avaient amenée jusqu'à la forge était pour elle une répartie stupide et creuse.On ne fait jamais "rien" dans la vie.Flâner dans les rues n'était pas une activité constructive,et certainement pas un passe-temps de quelqun de la haute société...
Pariany et ses volutes de fumée furent donc reçues d'emblée par un jugement positif,du moins de la part de la russe.Qui,imperceptiblement,retint son souffle,craignant une toux indisposante.



Libre libre libre à cet instant,comme peu de fois depuis son débarquement sur les quais.Et si jamais...Elle poussait le vice jusqu'à demander une cigarette à la nouvelle venue ? Il ne fallait pourtant pas confondre témérité et stupidité.Un éclair de malice passa sur les pruneles noisette de la danseuse.



Une des règles primordiales du monde militaire et tactique : détourner l'attention de l' "ennemi" pour avoir le temps de réorganiser ses forces.N'étant pas franchement habituée à devoir sortir un bon mot mystérieux à chaque questions qu'on lui posait,Leïla trouverait un agréable répis lors de l'interrogatoire de la vagabonde.Cette dernière était en effet passionnante,rien que par sa visible liberté...