Un nouveau départ [PV:James et Lucy]

Port Royal était agité par les nombreuses activités qui règnaient, tout le monde portait, marchandait, riait, enfin bref c'était Port Royal.
Sur le Quai de la Compagnie, le HMS Comet était en plein chargement pour partir en mission , il allait devoir faire la reconnaissance des îles voisines pour peut-être trouver un endroit où s'implanter.
Lord Beckett était sur lui-même sur le quai, regardant les opérations, à ses côtés, l'Amiral Norrington, le Hollandais était resté plus loin dans la Baie alors que le coffre était resté en sécurité dans le bureau du Lord.
Fier de savoir que bientôt leur colonie s'étendrait encore, Cutler avait son petit sourire au coin de la bouche.
Avec cela ils pourraient attaquer depuis plusieurs positions, enfin tout serait parfait et les pirates pourront crier à jamais leur chanson au bout de la corde.
Debout fier et droit, plissant les yeux à cause du soleil de midi, il admira, montrant de sa riche canne décorative tous ce qu'il fallait embarquer. Toujours en regardant l'avancée de l'embarquement, il s'adressa, sans même un regard, à l'Amiral.

Amiral que pensez-vous de cette expédition? Une idée remarquable n'est-ce pas? Je vous nomerez à la tête de la prochaine colonie qu'en dites vous?

Puis finissant sa phrase, il se décida à tourner la tête vers lui, attendant une réaction positive, de remerciement, Norrington ne pouvait refuser, de toutes façons, il y serait bien obligé.
Mais disosn qu'il s'agissait là d'une bien grosse promotion.

Son regard à la couleur ce jour-là lumineuse et changeante du fer sous un rayon de soleil glissait sur la crête brillante des vagues,et son esprit était loin,si loin de tout cela,de cette banale marche,au rythme imposée par Lord Beckett.
Les pensées de l'Amiral étaient désormais sans cesse tournées vers les trois femmes qui désiraient tant faire partie de sa vie si vide.Ayumi lui avait montré que tout était fragile à un point incommensurable,mais il continuait à ne pas savoir où il allait,à se voiler la face et à songer que tout se résoudrait tout seul.Quelle ironie...Seul depuis tellement de temps,et le jour où il trouvait enfin la clef du bonheur,elle lui brûlait tant les doigts qu'il devait la lâcher.

-Vous disiez,Milord...? demanda James en croisant le regard de son supérieur,visiblemnt en attente de quelque chose de sa part.

Plus ailleurs que jamais,l'Amiral ne pouvait cacher sa mélancolie.D'ailleurs,le Lord l'aurait remarquée même s'il avait été le plus grand comédien du monde.Se confectionner un petit masque serein était trop demander pour le moment à l'anglais,s'en voulant d'aimer et d'être aimé.

-Veuillez m'excuser,j'avais la tête ailleurs.Les navires ? Oui,ils seront prêts dans les plus brefs délais,comme vous l'avez ordonné,monsieur.

Visiblement,la promotion n'avait pas réussi à percer le brouillard de son conscient.James aurait largement préféré à ce "prix" qui devait de toute façon cacher quelque chose la solution de ses problèmes de coeur,vraiment.Beckett n'était pas encore parvenu à faire de lui un être sans coeur,obnubilé par sa carrière militaire,ça non !

-Il n'y a aucune raison de s'inquiéter... murmura-t-il,pour lui-même plus que pour son employeur.

De s'inquiéter pour les vaisseaux,pour les jeunes femmes,pour l'amour véritable qui ne lui serait jamais proposé...Un soupir las mais cependant contenu ajouta à l'impression de grisaille que l'officier donnait.

Les accidents arrivent très rarement,parait-il.Comme la foudre,ils ne tombent jamais deux fois à côté d'une même personne,ce qui est,au fond assez rassurant : passé le premier écueil,la route devrait se profiler longue et plate comme un galet ! Quel malheur que chaque règle ait une exeption fatale...Prenons l'Amiral,par exemple.Le premier accident avait été la chute d'Elizabeth Swann le jour même où il la demandait en mariage.Bon,près cela,le sort aurait dû se montrer clément et lui épargner d'autres misères.Mais non ! Lancé à la poursuite du capitaine Sparrow,un ouragan avait fait sombré son vaisseau en même temps que sa carrière.A croire vraiment qu'il attirait les problèmes comme un aimant la moindre particule de métal,même la plus infime et indécelable.Le pire,c'était que ce n'était majoritirement pas de sa faute.
Ce jour-là,lorsqu'un mousse un peu trop intrépide tomba du mât du HMS Revenge amarré à cinq cent mètres de là,plongeant d'une hauteur vertigineuse dans l'eau translucide de la baie,James resentit pourtant le même pincement au coeur,la même bouffée d'angoisse que lors de ces deux situations critiques.Lorsque tout lui échappait des mains,qu'il n'avait plus d'emprises sur les choses qui empiraient plus vite qu'il ne l'aurait immaginé.Bon sang,et si ce malheureux s'était tué ?! Les matelots étaient engagés très jeunes,aux alentours de dix ans,pour leur agilité à grimper dans les cordages,leur habileté à effectuer des noeuds,leur capacité à exécuter n'importe quelle tâche ingrate.Un enfant,ciel ! L'Amiral planta là son supérieur,qui devait de toute manière s'en laver les mains,comme toujours,et d'un pas rapide,les yeux tournés avec crainte vers le bâtiment,là-bas,séparé de lui par plusieurs quais vides,se posta au bord du ponton de bois,juste à côté du tonneau où se cachait Lucy.Un accident,ça aussi ? La main du Destin,aurait dit une sorcière vaudou bien connue,nommée tout simplement "hasard" par le commun des mortels.Le jeune étourdi s'en tira sans trop de mal,secoué,trempé comme une soupe et toussant toute l'eau ingurgitée,mais bien vivant.Norrington sourit alors,rassuré,témoin lointain d'une scène de la vie de tous les jours qui avait l'espace d'un battement de cil viré au cauchemar.Mais que serait la vie sans une petite dose d'adrénaline de temps en temps...?
S'apprêtant à se retourner pour rejoindre Lord -dont la verve cinglante lui demanderait sans doute pourquoi il se préoccupait tant d'un misérable maladroit-,son regard se posa soudain sur la jeune femme,et son sourire disparut.

-Puis-je...Vous aider,mademoiselle...? demanda-t-il,un peu perplexe,hésitant sur la manière de s'adresser à elle.

Car après tout,se prostrer derrière un tonneau n'était pas vraiment "dans la norme"...

Ahlàlà,pauvre Lucy...Elle mettait vraiment de la bonne volonté ainsi qu'une sacrée énergie à tenter de paraître "comme il fallait",sans souçi ni activité que l'effet était totalement inverse à ce qu'elle attendait : ce fut comme si un paneau lumineux avec écrit "J'ai quelque chose à cacher" s'était mis à clignoter sur son front.Mais le bon fond et l'espérance de toujours trouver un peu de bonté en l'être humain empêchaient la suspicion de pénétrer le coeur de l'Amiral.Seul l'étonnement se lut sur ses traits,alors qu'il battit une fois des paupières.Mais flûte,tout de même ! Il y avait anguille sous roche,et la politesse lui intrdisait de poser plus de questions.Et s'il était temps d'apprendre à mettre les bonnes manières dans sa poche afin de mieux faire son métier ? ça faciliterait grandement les choses,non ? James n'avait sincèrement rien contre elle,mais il devait poursuivre sur le même sujet qui était si déplaisant pour la pirate.Peut-être même le voulait-il un peu,un tout petit petit peu,pour satisfaire cette curiosité qu'il se connaissait depuis la plus tendre enfance.

-Et bien... répondit le gradé,ne sachant trop bien comment continuer,mais en ayant le devoir.Je ne sais trop quelle activité l'on peut pratiquer ainsi prostrée,mais je n'irai cependant pas m'avancer jusqu'à annocer que vous vous cachiez.De quoi ? Ou de qui ? Ces détails ne sont pas de mes affaires,et je les préfère mystérieux et inconnus.Cela dit...

Un fin sourire énigmatique se traça sur ses fines lèvres.Comment ne pas songer qu'il y aurait une nuance,une subtile contradiction ? Même sans grande assurance,James ne se refusait pas à tirer,ne serait-ce que de quelques centimètres,le voile du mensonge sur cette affaire.L'air de rien,il s'accouda sur le fût et regarda un instant la mer avant de revenir à la pirate.

-L'homme que vous voyez derrière moi s'avère être mon patron.Or,à mon inverse,il aurait le mauvais penchant de songer qui si vous êtes ainsi recroquevillée derrière cette barrique,c'est pour poser quelques explosifs destinés à détruire ce quai et à porter haut les couleurs de votre révolte;ou encore pour accomplir un autre fait hautement répréhensible qu'il trouverait bon de vous imputer.Ne pensez pas qu'il ne vous pas aperçue,il est bien plus malin que ça.Je ne vous forcerai pas à me dire ce que vous fabriquiez là,et ne chercherai pas à deviner si vous nous suiviez,nous espionniez ou attendiez le moment propice à une attaque.Fournissez-moi simplement et sans ambage le mensonge que nous lui raconterons lorsqu'il sera là.

Qui sait,il y aurait peut-être un peu de vrai dans ce que lui répondrait Lucy ? Mais James était fatigué de sans cesse trouver les solutions,au tour des autres à se creuser les méninges.Lui n'avait rien à se reprocher,et rien à expliquer à un Lord capable de le pendre pour s'être ainsi tapi sur son passage.